16 décembre 2012

Au hasard la chance

Auteur : Michel Tremblay
Titre : Au hasard la chance
Éditeur : Leméac
Parution : 2012
Format : 158 pages

Résumé :

Nous sommes dans le décor des années folles, en 1925. L'extravagante Ti-Lou, avec son grand chapeau et sa robe à froufrous, traverse pour la dernière fois le hall du Château Laurier. À Ottawa, elle était adulée par les hommes les plus riches et les plus influents de la scène politique, qu'elle recevait avec volupté dans sa luxueuse suite.

Suite à la mort de son médecin, Ti-Lou réalise qu'elle vieillit et qu'il est temps de tirer sa révérence. Le parfum de cette prostituée légendaire, bien connue pour son penchant pour les chocolats au cerise, flotte encore dans l'air, tandis qu'elle prend le train en direction de Montréal.

Lors de son arrivée à la gare Windsor, la haute horloge du terminus s'arrête. C'est à partir de ce moment-là que Michel Tremblay nous propose plusieurs destinations. Cinq histoires en fait, pour redonner un second souffle à la magnifique Louve d'Ottawa.

Ce que j'ai aimé :

-C'est un roman qui m'a surprise. À l'image de sa protagoniste, je trouve qu'il a du mordant, du dynamisme. Un ton différent d'un livre comme La traversée du continent - que j'ai beaucoup apprécié, mais pour des raisons différentes. Celui-ci est plus fébrile. Nous sommes dans l'urgence, le changement. Le fait que ce soit 5 courtes histoires contribue aussi à cette impression.

-Ti-Lou est une femme un brin rebelle, peu conformiste et qui aime faire à sa tête. Fille d'un important sénateur, elle semble avoir choisi son métier de belle-de-nuit pour braver son père. Dans la capitale, elle attirait tous les regards. À Montréal, la diva de l'Éros se retrouve seule, dans un lieu où elle passe désormais incognito. Bien vite, on se rend compte que, malgré son départ, Ti-Lou reste fidèle à elle-même. Elle aime séduire, être au coeur de l'action, au milieu des gens. Bref, Ti-Lou est un personnage touchant et attachant, qui cherche à briser sa solitude.

-J'ai retrouvé avec plaisir le joual musical et le franc-parler des dialogues de Michel Tremblay. Ce roman, d'un humour chaleureux, nous transporte dans un Montréal d'un autre temps, où draperies rouges, chapeaux cloches et robes charleston nous font sentir le pouls de l'époque. Un univers de cabaret, de chambres d'hôtel et de bars enfumés.

-Michel Tremblay reste pour moi un fin observateur de la gente féminine et de leurs secrets. Que l'on pense à la pièce Les Belles-Soeurs ou à Sainte Carmen de la Main, l'écrivain a toujours su transposer les pensées et les aspirations des femmes au grand jour. Il a toujours su donner une voix à celles qui vivent dans l'ombre, comme il le fait ici avec cette reine de la nuit.

Extraits favoris :

« Une femme libre. Sans téléphone. Le téléphone viendrait plus tard si le besoin s'en faisait sentir. De longs bains dans de l'eau trop chaude, des séances de crèmes aromatiques et d'huiles hydratantes. Pour qui ? Pour elle. Juste pour elle. Elle sentirait bon et sa peau serait douce pour sa seule satisfaction personnelle. »

« La pluie forme maintenant un rideau liquide qui les sépare du monde. Maria se dit qu'elle devra prendre un taxi pour rentrer chez elle. Ti-Lou, elle, se sent comme dans un confessionnal au fond d'un lac. »

Lu dans le cadre du défi À la découverte du Québec chez Sunflo

 

4 commentaires:

  1. Je te cite:
    «Michel Tremblay reste pour moi un fin observateur de la gente féminine et de leurs secrets. Que l'on pense à la pièce Les Belles-Soeurs ou à Sainte Carmen de la Main, l'écrivain a toujours su transposer les pensées et les aspirations des femmes au grand jour. Il a toujours su donner une voix à celles qui vivent dans l'ombre, comme il le fait ici avec cette reine de la nuit.»

    Que dire de plus sinon que je suis tout à fait d'accord avec toi.
    Merci Topinambulle

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  2. Merci chère Suzanne, ça me touche beaucoup :)

    Ma mère m'a racontée un jour cette histoire du petit Michel qui écoutait les conversations des femmes réunies dans la cuisine.

    C'est une image qui m'a marquée.

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  3. Je te cite:
    «Ma mère m'a racontée un jour cette histoire du petit Michel qui écoutait les conversations des femmes réunies dans la cuisine.»
    Et je te comprends parfaitement.
    À ce propos; tu as lu «Bonbons assortis»? Cette image y est et l'auteur nous raconte bien de belles choses....

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  4. Je ne l'ai pas lu, mais j'aimerais bien découvrir ses écrits sur son enfance. Merci pour la belle suggestion !

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